Maeterlink

La pièce de Maeterlink, “La princesse Maleine”
se déroule à une époque imaginaire.
C’est une pièce Neo Shakespearienne,
philosophique sur l’humanité.
De nombreuses descriptions de sensations,
de vu et de non vu parcourent la pièce.
“Maintenant,
c’est comme si cette nuit et cette foret
avait versé de l’eau sur mes yeux”
Nous tentons de rendre palpable
le chemin que la réalité doit parcourir pour
atteindre les hommes.

Nous creusons la structure de la pièce à la fois :

par la parole et le jeu d’acteur,
par le mouvement et la présence corporelle.
Des voyants, non voyants et mal voyants,
de différentes générations et conditions physiques,
de vies et d’expertises variées
entrent en résonnance.
Accompagnant les personnalités de la pièce,
les arbres, la lumière, les changements climatiques,
traduisent les mouvements et profondeurs de l’ame.

Un des portraits chorégraphiques,
Le mouvement des Béguines:

Le passage de la mort à 100 m
La mer et les chants latins
~
Une marée de corps, leur balancement,
leurs ombres, leur disparition à l’horizon.

L’ ouverture d’esprit des acteurs et musiciens professionnels voyants
est une clé du projet.
Ils se situent entre:
aider les acteurs non voyants amateurs à s’orienter
ne pas s’oublier et approfondir leur jeu
s’instruire de la présence naturelle inégalable des non-voyants.
Je vois chez les acteurs non voyants:
charisme, dignité, transparence,
une fragilité induite,
une vue exquisite sur le monde sensoriel.
Cela implique instantanément
de l’humilité, de la patience, du respect
de l’empathie, de la sincérite,, de la curiosité.
Et aussi de l’admiration, vis à vis de leur autonomie
Souvent inimaginé.
Leur plaisir de se mouvoir est visible
dans leur appréhension joyeuse et affectueuse de l’espace.
Chaque mouvement est une découverte de l’instant
ampli de connections qui leur sont propre.
Lorsque le mouvement les touche,
nous pouvons voir à travers eux,
nous pouvons percevoir où ils se trouvent.
Le moment de leurs premières propositions en mouvements
répondant à une description, semble “magique“.
Une description demande une clareté verbale particulière,
et le dévelopement de stratégies de communication
par le touché et l’audition.
Nous composons des mouvements de groupe dans l’espace
sans que les participants se percoivent en relations,
et voient ce que cela crée.
Ils doivent imaginer tout ce qu’ils ne voient pas.
Dans un travail créatif, l’imagination crée les images.
Il y a un lien entre leur fantaisie et celle d’une investigation artistique.
Il y a une beauté dans cet inconnu.
L’inconscience de leur propre beauté
La rend rare, délicate, attractive.
Leur sens musical a inspiré
Une finesse dans plusieurs arrangements
atmosphèriques et d’espaces.
Leur orientation dans l’espace
peut facilement devenir “subjective“
Particulièrement à chaque changement
d’espace de travail.
Lorque les stimulations auditives ou tactiles se font rares
Il est aisé d’entrer dans un mode d’isolement ou de reverie.
La conscience du mouvement les aide aussi
lors d’un manque d’interactions.
Une visualisation
de leur surface du corps,
des angles,
de la distance d’un point du corps à un autre,
est de différents degrés de perceptions pour chacun d’eux.
Les acteurs non voyants nous vouent une réelle confiance.
Ils sont très engagés
Dans une recherche artistique
Dans l’expension des expériences
Dans le partage avec un public.
De plusieurs manières
nous nous sentons honorés
de travailler avec eux.
Nous sentons que notre engagement
a un impact sur notre vie et sur la leur.
Nous avons la possibilité de nous plonger
et d’apprendre de leur univers perceptif.
C’est très valorisant et enrichissant pour tous.
Chaque étude demande un durée étirée
pour s’établir, se développer et se maintenir.

Nous avons demandé à l’un des acteurs
de décrire
un oiseau, le ciel, un nuage.
Puis de le dessiner dans l’espace.
Ses dessins furent plein d’énergie.
Nous avons réalisé que ses réponses
ainsi que les celles d’autres par la suite
était une adéquation de:

toutes les informations entendues de personnes voyantes
ses propres sensations empiriques
-une relation mathématique et conceptuel au monde visuel.
Un jour nous cherchions notre nouveau studio de répétition.
Nous ne le trouvions pas.
L’ acteur non voyant qui était avec nous,
qui avait lui aussi visité une seule fois les lieux la veille
a trouvé le chemin vers le studio.
J’observe que les non voyants vivent
avec des logiques de navigations différents
Cela ne signifie pas un manque de repères.
Ce sont ces champs de navigations que nous tentons d’explorer
pour créer la pièce ensemble.

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